Trouver sa place dans un collectif de travail est souvent compliqué. C’est une problématique récurrente lors de coachings ou des bilans de compétences : il faut savoir se positionner sans écraser les autres et sans s’effacer soi-même. Il faut trouver le juste équilibre permettant une coopération optimale au sein de l’équipe. Une fois la cohésion obtenue, les tensions s’effacent généralement pour laisser place à une ambiance sereine et propice à un travail de qualité.
Dans cet article, je vais vous présenter plusieurs points permettant d’atteindre cet équilibre.
La règle de 3
Parfois, des comportements ou des mots venant de notre entourage peuvent nous chagriner ou nous blesser. Comment réagir face à cela ?
Notre compréhension des interactions peut être parasitée de nombreuses manières :
- Nous pouvons avoir mal compris ou mal entendu ce qui a été dit où fait
- Nous pouvons être de mauvaise humeur et nous avons surréagit
- La personne qui nous a heurté peut avoir fait preuve de maladresse
- La personne qui nous pique peut être perturbée par un évènement qui vient jouer sur sa communication ou son comportement
- …
Pour ma part, je vous suggère d’utiliser la « règle de 3 ». Elle consiste à laisser 3 chances à la personne qui vous pose problème avant d’aller à la confrontation.
Comme nous l‘avons vu plus haut, notre interprétation des situations est soumise à divers paramètres pouvant nuire à nos relations. Il est donc raisonnable de prendre un peu de recul et d’attendre qu’il y ait un faisceau d’indice (pour parler comme les détectives) avant d’entrer en conflit.
Arrondir sa communication
La communication est déterminante pour le bon fonctionnement d’une équipe, elle va permettre de supprimer l’imaginaire qui peut parasiter les relations.
Ainsi, lorsqu’une relation vous apparait bancale ou insatisfaisante, il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’information auprès de la personne impliquée. Bien entendu, il faut rester diplomate. La meilleure façon d’obtenir du changement auprès d’une personne consiste à adopter la méthode « aménité/divergence » qui consiste à contredire la personne tout en restant courtois (mais cela, vous le savez déjà 😊). Plus vous entretiendrez des rapports proches et cordiaux avec une personne, plus vous pourrez lui des dires choses « vraies » et « difficiles ». La qualité de la relation est capitale.
Nota Bene : Il est important de défendre son opinion mais il faut aussi savoir écouter celles des autres. Il faut se mettre à la place de son interlocuteur et essayer de voir le monde à travers ses yeux en prenant en considération son contexte personnel et professionnel. Ces deux éléments ont un impact fort sur le comportement de la personne avec qui vous êtes en train de dialoguer car ils vont modifier sa façon de voir le mode (une personne qui vient de se disputer avec son conjoint aura une patience relative…, un homme dont l’enfant est gravement malade n’aura probablement pas la même disponibilité qu’un autre dont l’enfant est en bonne santé, …). Prendre en compte ces paramètres de contexte peut vous aider à relativiser le point de vue de votre « contradicteur ». Les échanges fréquents peuvent nous permettre de mieux comprendre nos interlocuteurs tout en évitant les malentendus.
Cela peut se faire autour de la machine à café ou d’un déjeuner. Cela peut aussi venir d’échanges informels dans les moments plus calme au travail. L’idée étant de faire l’effort de connaitre la personne avec qui vous discutez.
Lorsque nous limitons les dialogues et que nous mettons de la distance, nous avons de forte de chance de fonctionner sur de l’imaginaire. Par déclinaison, il est probable que nous produisons des comportements non adaptés ou en décalage vis-à-vis de la situation.
Limiter l’imaginaire
Malgré tous nos efforts, nous sommes parfois dépassés par notre imaginaire. Selon les situations, il peut nous conduire à des émotions fortes (stress, colère, tristesse, …) et générer des comportements inadaptés.
Avant de passer en revue une technique permettant de débusquer la part d’imaginaire que nous venons greffer sur les situations, nous allons commencer par voir comment fonctionne notre cerveau.
La réalité est une construction
Aujourd’hui, la grande majorité des approches psychologiques s’accordent à dire que la réalité est une construction de notre esprit. Elle est constituée de plusieurs couches :
- La première est constituée de faits bruts. C’est ce que verrait une caméra qui filmerait la situation
- La seconde est la couche interprétative qui vient se greffer sur ces faits.
C’est cette deuxième couche interprétative qui génère des « croyances » sur nous même, sur notre environnement ou sur nos relations. C’est notre expérience de vie qui a généré ces schémas mentaux (des sortes de raccourcis) qui produisent des lectures du monde. Celle-ci peuvent être plus ou moins aidantes voire même complétement pénalisantes dans certaines situations.
Critiquer les croyances
Nous avons vu ce qu’est une croyance dans le précèdent paragraphe. Nous allons maintenant voir comment réduire leur impact sur notre esprit et par déclinaison, sur nos comportements.
Tout d’abord, il faut savoir que les croyances sont généralement associées à des situations à forte charge émotionnelle (peur, dégout, surprise, colère, tristesse). Il convient donc d’identifier une situation de ce type pour la « décortiquer » (notez qu’avez un peu d’habitude, vous pourrez identifier ces croyances dans le feu de l’action).
Quand vous avez trouvé la situation adéquate, il s’agit de travailler en plusieurs temps :
- Que verrait une caméra qui filmerait la situation problématique? Attention, l’objectif de cet exercice étant de supprimer la couche interprétative, il faut évacuer tous les ressentis et tout ce que nous pouvons imaginer sur les circonstances génératrices d’émotions.
- Nous devons ensuite nous recentrer sur ce qui se passe dans notre tête au même moment. Quelles sont les pensées, les visions, les choses que nous imaginons à l’instant T. Cette fois-ci, nous nous intéressons exclusivement à la couche interprétative. Que dit cet imaginaire sur nous ? sur le monde ? sur nos relations ?
- Il s’agit désormais d’effectuer ce que l’on appelle le « questionnement scientifique». L’exercice est très simple : est-ce que je ressens ou ce que j’imagine correspond à ce que verrait la caméra ? dans 75% des cas, ce n’est pas le cas. Nous sommes donc sûr de l’imagination et de l’interprétation pure et dure. Au moment où nous effectuons cet exercice, rien ne prouve que ce que nous pensons va se réaliser.
- Il arrive que ce que nous ressentons est conforme à ce que verrait une caméra : nous ne sommes pas en train de « fantasmer » la réalité. Nous allons alors utiliser le « questionnement pragmatique». Lorsque nous nous trouvons en difficulté, en stress, en colère, nous avons tendance à adopter un comportement contre-productif. Le questionnement pragmatique consiste à prendre de la hauteur par rapport à la situation pour se demander si notre comportement est aidant (s’il nous aide à faire face au problème) ou s’il nous dessert. Dans la majorité des cas, nous adoptons un comportement qui ne fait que renforcer le problème.
Pour illustrer ce dernier point, je vais vous présenter une métaphore que j’utilise régulièrement dans le cadre du coaching :
« Le petit Jean était fils de fermier. Un jour, son père essayait de rentrer une vache dans l’étable mais il n’y arrivait pas car elle était campée sur ses 4 pattes et refusait d’avancer. Son père tirait et tirait sur la corde qui était attaché au coup de la vache mais il n’arrivait pas à la faire avancer d’un centimètre. Le petit Jean était juché sur une botte de paille et il observait son père en riant. Le père s’énerve et il dit à son fils «au lieu de me regarder batailler sans rien faire, tu ferais mieux de venir m’aider ». Le petit Jean saute de sa botte de paille, il passe alors derrière la vache et il lui tire la queue. La vache est surprise et elle entre aussitôt dans l’étable… »
La morale de l’histoire est la suivante : Bien souvent, au naturel, nous fonctionnons comme le père du petit Jean. Nous adoptons un comportement qui ne fait que de renforcer le problème. C’est souvent en prenant les choses sur un autre angle que nous pouvons débloquer la situation…je vous laisse réfléchir à cette petite histoire…
Dépasser ses difficultés en opérationnalisant le problème
Les difficultés constituent notre lot quotidien. Un travail sur nos croyances comme celui dont nous venons de parler peut nous aider à les relativiser mais il est également nécessaire d’apprendre à les surmonter.
Il faut savoir faire preuve de résilience et éviter de ressasser autant que faire se peut. Une des clés pour cela est de rester actif, de s’occuper l’esprit en mettant en place des actions qui vont nous permettre de résoudre le problème. C’est que nous appelons « opérationnaliser le problème ».
On ne se focalise pas sur le passé et les causes (on ne peut pas changer le passé) mais on se focalise sur l’objectif visé.
Nous faisons tous cela plus ou moins consciemment mais je vais malgré tout vous présenter cette démarche point par point.
Etapes | Questions/actions |
---|---|
1) Identifier le problème | Quel est le problème ? que concerne-t-il ? |
2) Sélectionner l’objectif | Qu’est-ce que je veux ? quel est mon objectif ? |
3) Générer des actions pour atteindre mon objectif | Que puis-je faire pour atteindre mon objectif ? |
4) Évaluer les conséquences | Que va-t-il arriver si je mets en place mes actions ? |
5) Prendre une décision | Quelle est ma décision ? Quelles sont les actions qui m’apparaissent les plus aidantes pour atteindre mon objectif ? quelles sont les actions prioritaires ? |
6) Mettre en place mes actions de manière effective | Comment rendre mes actions les plus efficaces possibles ? |
7) Évaluer les résultats | Mon plan d’action a-t-il fonctionné ? |
Si mon plan d’action a fonctionné, tout est parfait, je passe au sujet suivant. Si ce n’est pas le cas, je retourne à l’étape 3 pour mettre en lumière de nouvelles actions me permettant de régler mon problème.
Ce mode de fonctionnement peut apparaitre basique et naturel mais mon expérience de coach professionnel me montre que de nombreuses personnes n’arrivent pas à le mettre en œuvre quand elles ont la tête sous l’eau et qu’elles paniquent.
Parfois, nos efforts pour régler les problèmes ne suffisent pas et il faut aller chercher des solutions auprès des autres.
Oser demander de l’aide et savoir proposer la sienne
Il arrive à tout un chacun de se trouver en difficulté et de ne pas pouvoir faire face aux embuches qui se trouvent sur notre chemin.
Il faut alors avoir l’humilité de se tourner vers autrui pour demander de l’aide. Comment rendre cet exercice plus facile ?
La réponse est simple, plus vous aurez de bonnes relations avec les personnes de votre groupe ou de votre entourage, plus il sera aisé de demander un coup de main lorsque vous en aurez besoin.
Ainsi, la ligne de conduite à tenir est simple :
- Proposer votre aide lorsque vous voyez que les gens en ont besoin, être présent dans les moments importants.
- Être souriant, rire avec les gens, plaisanter avec eux, créer la connivence.
- Se montrer ouvert.
- Avoir de petites attentions envers les autres.
- Se centrer sur les intérêts de l’autre.
- Se réjouir pour ses collègues, ses relations.
- Lancer des invitations (boire un café, faire un apéro, une sortie,…).
Pour faire bref, plus vous serez apprécié par les gens, plus ils auront envie de vous soutenir en cas de coup dur. Généralement, quand nous donnons, nous recevons en retour.
N’oubliez pas la maxime suivante : « Seul on va vite, à plusieurs on va plus loin »
Se mettre en phase avec l’objectif du groupe
Pour trouver sa place dans un groupe, il faut savoir se mettre en adéquation avec sa ligne directrice, avec son objectif.
Voici un exemple simple pour illustrer mon propos :
Si nous prenons une équipe de football, l’objectif est de décrocher la victoire pour un maximum de matchs.
Dans certains cas, des joueurs vont vouloir attirer la lumière sur eux au détriment des autres ou de l’équipe. Il y a aussi des joueurs peu motivés qui viennent rarement aux entrainements et d’autres qui peuvent être irrespectueux vis-à-vis du coach ou des autres membres du groupe.
Dans ce type de situations, les joueurs ne sont pas en phase avec l’objectif du groupe. Il y a peu de chances pour que l’équipe performe et atteigne son objectif : remporter un maximum de victoire.
Inversement, si tous les joueurs sont respectueux, qu’ils jouent collectifs et qu’ils s’impliquent à 100% dans leurs entrainements comme dans les matchs, la probabilité de gagner augmente nettement.
Tous les groupes fonctionnent de la même manière, que ce soit une équipe de sport, une entreprise, un groupe d’amis ou même une famille.
2 choses importantes à retenir :
- Il faut que le groupe ou l’équipe identifie un objectif commun.
- Il faut savoir mettre de coté ses objectifs individuels pour se mouler dans l’objectif partagé par le groupe.
Apprendre à se remettre en question
De manière générale, pour trouver sa place dans un collectif, il faut savoir se remettre en question. Il faut savoir peser le pour et le contre quant à notre positionnement dans le groupe.
Quelques questions peuvent nous aider à cela :
- Est-ce que je semble être apprécié par les membres du groupe ? quels sont les faits bruts qui me conduisent à cette conclusion ?
- Est-ce que je me sens respecté ? Est-ce que je respecte les autres ? qu’est ce qui me le prouve ?
- Suis-je ouvert sur les autres ? quelles actions ai-je effectué pour cela ?
N’oubliez pas de vous focaliser sur des faits bruts plutôt que sur des ressentis.
Si votre positionnement n’est pas satisfaisant, il faut opérationnaliser le problème pour trouver une solution comme nous l’avons expliqué plus haut dans cet article.
Quand ça ne veut pas fonctionner
Malgré tout nos efforts, il peut arriver que nous n’arrivions pas à trouver l’équilibre au sein d’un collectif. En effet, certains groupes disposent d’une « culture » ou d’un mode de fonctionnement qui ne correspond pas au notre. Chaque individu est pourvu d’une « configuration » qui le rend plus où compatibles avec les autres. Il peut arriver que plusieurs personnes possédant un fonctionnement proche s’agrègent et créés une « culture de groupe ». Une personne ayant une configuration très différente et désirant intégrer ce groupe peut se trouver marginalisée car elle ne possède pas le langage commun (la culture de groupe) qui lui permet une bonne intégration. Nous ne sommes pas la bonne pièce pour nous intégrer dans ce puzzle.
Il faut toujours produire tous les efforts nécessaires pour s’intégrer au sein d’une équipe en s’appropriant sa culture. Mais quand ça ne veut pas fonctionner, il faut parfois savoir partir vers de nouveaux horizons. Ce n’est pas parce que nous ne nous intégrons pas à un groupe que nous n’y arriverons pas dans un autre.
Toutefois, si vous éprouvez des difficultés répétitives, il faut se remettre en question sérieusement car il est plus que probable que votre comportement manque de souplesse. Si les soucis d’intégrations persistent, il peut être judicieux de se faire accompagner par un professionnel des relations humaines.
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